En savoir un peu plus sur l’allergie

4 décembre 2005 Par vero

On entend souvent dire « oh là là, quel fléau, il y a de plus en plus d’allergique !« 

Mais finalement, être allergique, c’est quoi ? Que savez-vous des allergies ? Je me permets de vous en informer avec ces quelques lignes :

Qu’est-ce qu’une allergie ?

L’allergie est une réaction exagérée ou même excessive du système immunitaire de l’organisme, consécutive à un contact avec une substance étrangère à l’organisme, l’allergène. Il s’agit de substances qui sont habituellement bien tolérées, mais considérées à tort comme dangereuses par nos cellules.

Depuis quelques années, différentes études indiquent une augmentation du nombre de personnes souffrant d’allergie. On estime qu’aujourd’hui en France, 20% de la population en est atteinte et le nombre d’enfants allergiques ne cesse d’augmenter.

L’allergie est également appelée hypersensibilité, car une substance tout à fait inoffensive pour certains peut provoquer une réaction allergique chez une personne sensibilisée.

Comment devient-on allergique ?

  L’hypersensibilité immédiate se déroule en deux temps :

  • 1 – La phase de sensibilisation

L’allergène rentre en contact avec l’organisme (inhalation, ingestion, contact cutané) et donc avec les macrophages qui sont des globules blancs faisant partie de la ligne de défense immunitaire. Ces macrophages stimulent la production :

  • de lymphocyte T qui serviront de mémoire et qui garderont l’information très longtemps.
  • De lymphocyte B (autres globules blancs) qui vont se transformer en plasmocytes qui fabriqueront des anticorps spécifiques à l’allergie : les immunoglobulines de type E appelés communément Ige.
    Ces Ige, transportés par le sang, vont se fixer sur des cellules siégeant au niveau de la peau et des muqueuses : les mastocytes. Ces dernières vont pouvoir capter l’allergène au prochain contact -> L’armée est prête à « accueillir » l’allergène.
  • 2 – La phase de réaction

Au deuxième contact avec l’allergène, les Ige fixées sur les mastocytes entrent en action. En captant l’allergène, elles libèrent de l’histamine et d’autres substances qui sont à l’origine des symptômes (rhinite, asthme, urticaire, eczéma, …)

-> L’alerte générale est donnée : l’information de ce second contact est propagée à tout l’organisme, ce qui amplifie le phénomène.

  Il existe d’autres formes de réactions dont l’hypersensibilité retardée
Elle fonctionne également en deux phases :

  • 1 – La phase de sensibilisation

L’information est envoyée directement aux lymphocytes T. L’allergène (de contact) traverse la peau et se fixe sur des protéines. Le couple « protéine/allergène » est reconnu par les cellules de Langerhans situées dans la couche épidermique de la peau. Ces cellules migrent alors vers les ganglions lymphatiques régionaux afin de les présenter aux lymphocytes T cd4+ qui sont activés et vont peupler les différents ganglions de l’organisme.

  • 2 – La phase de réaction

Au second contact, l’allergène se fixe à nouveau sur les cellules de Langerhans qui migrent vers les lymphocytes T cd4+. Les lymphocytes, cette fois activées, reconnaissent le couple « protéine/allergène » et affluent vers le lieu de l’allergie pour y créer des lésions vésiculeuses intradermiques importantes.
Cette réaction apparaît entre 48 et 72 h après le contact avec l’allergène d’où le nom d’hypersensibilité retardée.

Les différents types d’allergie

Les différents symptômes

  • Les symptômes respiratoires :
  • La rhinite allergique (nez bouché, nez qui coule, démangeaison au niveau du nez ou du palais, éternuement), souvent associée à une irritation oculaire (conjonctivite)
  • L’asthme allergique : essoufflement à l’effort, toux dûe à l’inflammation chronique des petites bronches, gène respiratoire intense, respiration sifflante.
  • Les symptômes cutanés :
  • La dermatite atopique : induration de l’épiderme (peau dure cartonnée), rougeur, démangeaison. Cette dermatite, parfois associé à un œdème, apparaît dès le plus jeune âge et se situe au niveau du visage, du cuir chevelu, des plis de flexion des membres.
  • L’eczéma de contact : éruption de plaques rouges, apparition de petits boutons remplis de liquide, intense démangeaison. Cet eczéma apparaît chez l’adulte et se situe au point de contact avec l’allergène.
  • L’urticaire allergique : ensemble de petites papules rouges et de plaques en relief sur la peau, intense démangeaison. Cette urticaire peut être localisée sur tout le corps. Lorsque l’urticaire se développe sur les muqueuses, on parle d’angio-oedème.
  • L’œdème de Quincke : C’est lorsque l’angio-oedème se produit dans le larynx. Il peut provoquer un étouffement qui conduit à un choc anaphylactique.
  • Le choc anaphylactique : réaction violente de l’organisme avec chute de la pression artérielle, perte de connaissance, trouble du rythme cardiaque, peut conduire au décès.
  • Les symptômes digestifs :
  • Manifestations gastro-intestinales : diarrhée, vomissement
  • Reflux gastro-oesophagien
  • Anorexie
  • Cassure de la courbe du poids

Les différents allergènes

Il existe trois grands types d’allergènes

  Les pneumallergènes ou allergènes aéroportés : dans l’ordre de prédominance : la poussière de maison (acariens), les pollens, les phanères d’animaux.

  Les allergènes chimiques : aspirine, nickel, chrome, latex, formol, …

  Les trophallergènes ou allergènes alimentaires : dans l’ordre de fréquence chez les enfants (d’après les données du CICBA) : œuf, arachide, lait de vache, légumineuse, poissons, groupe noix, additifs, groupe céréales, groupe latex, crustacés, viande, sésame, moutarde, vanille, épices, etc…

Comment dépister une allergie

Après l’apparition des symptômes évocateurs, il est conseillé de consulter un allergologue qui va établir un diagnostic allergologique.

  On commence par un interrogatoire qui permet de confirmer l’hypothèse d’allergie et qui permet d’établir une liste d’allergènes potentiels. On recherche s’il y a des antécédents familiaux et personnels. On retrace l’histoire des symptômes (ancienneté, nature). On pose des questions sur l’environnement général, le mode de vie, les activités.

  Une fois le ou les allergènes ciblés, on passe au test cutané : On dispose des gouttes d’extraits d’allergènes choisis sur la peau de l’avant-bras ou du dos et on effectue une micro-piqure dans le centre de chaque goutte, ce test est également appelé prick-test. La lecture du résultat se fait après 20 minutes : la réaction d’hypersensibilité immédiate provoque une rougeur de la peau telle un bouton d’ortie avec un œdème et une démangeaison. L’allergie est détectée.

  Pour confirmer l’allergie ou en cas de discordance de résultat entre l’interrogatoire et le test cutané, on effectue le dosage d’Ige (anticorps spécifique de l’allergène) ou test biologique. Une prise de sang est alors réalisée pour déterminer le dosage des Ige qui permettra de cibler le ou les allergènes responsables.

  Dans certains cas, en cas de doute persistant sur l’origine de l’allergie, on effectue un test de provocation : on apporte l’allergène directement au niveau de l’organe « cible » des manifestations allergiques (inhalation de l’allergène, pulvérisation dans le nez, dépôt sur la conjonctive, ingestion). Ces tests sont rares et pratiqués sous étroite surveillance médicale.

  En cas d’hypersensibilité retardée, on peut effectuer un test épicutané : on applique l’allergène sous forme de patch pendant 2 jours et la lecture des résultats se fera après ce délai.

Traiter l’allergie

Il existe trois méthodes pour traiter l’allergie :

  L’éviction totale de l’allergène quand cela est possible (allergie aux aliments, médicaments, de contact)

  Les traitements qui agissent sur les symptômes de l’allergie : sous forme de médicament (antihistaminique, corticoïde, bronchodilatateur, etc…) qui soulage la crise allergique sur le moment.

  Les traitements qui agissent sur le système immunitaire en le modulant : la désensibilisation. Après recherche de la dose maximale supportée par le patient, on administre cette dose régulièrement par voie orale, sous-cutanée, sublinguale ou nasale en espaçant les prises au fur et à mesure du temps.

Contenu relu et corrigé par le Dr Auriol, allergologue.

En espérant vous avoir éclairé sur le sujet.